A PROPOS

MANODACHA: maison d’accueil Notre-Dame de Charité

      Nous œuvrons à aider les enfants à gagner leur vie sur le plan scolaire. De l’éducation, de la nutrition, du logement et bien plus.

      Créé en 1989 par le père Abbé Philippe KAHAKE, un orphelin qui lutte pour l’avenir des jeunes enfants démunis.

      Je suis ordonné prêtre en 1989 et affecté à Macbar comme vicaire. Sur place j’ai rencontré la misère, des gens qui vivaient vraiment en dessous même de la pauvreté, qui fleuraient même la misère. Ça m’a vraiment fait quelque chose au cœur. Je voulais commencer par aider les grands, puis je me suis dit qu’il fallait commencez pas les enfants parce que leur situation était encore déplorable. Les enfants étaient là sans école, sans soin et c’est comme ça que je me suis donc lancé à les accueillir , les aidant d’abord à domicile en achetant les cahiers, les médicaments et autres. 

      Et voilà un jour mon évêque m’a affecté à Malatoun. C’est sur place que j’ai rencontré encore la plus forte misère qui a attiré fortement mon attention. Alors j’ai donc décidé d’accueillir les enfants. Le premier que j’avais accueilli avait trois mois et venait de perdre sa mère. En ce moment, je passais pour ma pastorale à Mambicham. Lorsque j’ai vu dans la cour de deuil les gens qui pleuraient je me suis aussi approché pour compatir.

      Alors on m’a conduit à la maison, on m’a montré le bébé que sa mère venait de laisser. La dépouille de la mère était encore là, c’était des musulmans. J’ai demandé à son père s’il voudrait que je récupère l’enfant? Il m’a dit oui mon père je suis d’accord. Alors je l’ai porté sur mes genoux pour faire 35 km et rentrer à Malatoun au presbytère.
Quelques temps après j’accueille un second de 4 ou 5 mois.  J’avais invité les religieuses pour venir administrer les soins aux populations qui n’avaient ni hôpitaux ni dispensaires, rien du tout pour se soigner. Et c’est pendant les consultations que j’ai également constaté qu’il y avait un papa qui portait un enfant.

      Cet enfant avait une très grosse tête, un gros ventre, de petits pieds. Cela a attiré mon attention. Je suis allé vers lui et j’ai demandé papa qu’est ce qui se passe? Il me dit mon père sa mère est décédée et c’est moi qui m’occupe de lui avec sa sœur. Je lui demande est-ce que tu veux que je prenne soin de lui? Il m’a dit oui. Alors je les ai donc pris à deux avec sa sœur de 7 ans et je les ai emmenés à la paroisse. Pour un début, ma grande sœur s’occupait en même temps de l’enfant de 3 mois et de celui qui avait 4 ou 5 mois. Et ainsi de suite j’ai accueilli les enfants à malatoun.

      Nous sommes restés là-bas deux ou trois ans et une fois affecté à Dschang, je ne pouvais vraiment pas les laisser car ils étaient plus de 9 déjà avec moi. Je les ai tous emmené à Dschang où j’ai loué une maison pour les garder près du presbytère. Je m’en occupais nutrition, loyer et tout. Je me battais vraiment pour les envoyer à l’école. Et ça allait déjà un peu mieux.
Quelques temps après mon évêque m’affecte à Bafou, et comme c’était à côté, j’ai laissé les enfants à Dschang. Le nombre s’accroissant de jour en jour, ils étaient déjà 11 en ce moment et de toutes les classes: la cil, la maternelle jusqu’en seconde technique au lycée. Donc ils formaient déjà une communauté.

Je me suis donc posé beaucoup de questions. Vais-je tout le temps les trimballer de presbytes en presbytère? En cet instant, une opportunité s’est présentée devant moi; un ancien ami de classe au lycée de Bafoussam  m’a appellé de l’Europe et m’a demandé si je ne peux pas venir en remplacement en Europe.
      J’ai dit tiens! Je vais d’abord rencontrer mon évêque et j’en ai parlé avec lui. Il était tellement content qu’il m’a autorisé d’aller en congé deux mois et je suis donc allé en Europe. Il m’a présenté à un de ses amis prêtres et cet ami prêtre m’a dit qu’il m’envoie plutôt à Guadeloupe chez un autre ami prête.

Je suis allé en Guadeloupe dans la paroisse de Capester-bello. Et l’évêque Monseigneur Ernest Kabo m’a rencontré et il a sympathisé avec moi me disant comment j’étais jeune. Il m’a posé des questions sur ma pastorat et j’en ai profité pour lui parler des enfants. Il m’a dit ah tiens! Je vais t’envoyer quelque part où les gens peuvent t’aider, ils sont très généreux. Il m’a donc envoyé à saint Barthelemy, j’ai fait le stage l’abas et j’ai fait l’emplacement de deux mois et il m’avait autorisé d’en parler aux gens.
J’en ai parlé et c’est comme ça que les gens m’ont aidé; ils ont cotisé, ils étaient très généreux et c’est comme ça que j’ai lancé la fondation et j’ai construit cette maison qui n’a jamais été achevée.

Papa m’a donc offert du terrain à Bafoussam pour construire cet orphelinat. C’est une maison à un niveau, un sous-sol, rez-de-chaussée et puis ça n’a jamais été achevé comme vous voyez sur les photos.
Chaque année les enfants viennent et nous les accueillons. Ils sont parfois 30, parfois 40 et plus et parfois ils descendent même jusqu’à 5 et ainsi de suite. Beaucoup ont passés leur baccalauréat, certains sont partis ayant déjà un poste de travail. Beaucoup d’entre eux travaillent, il y en a qui sont mariés, il y en a qui ont déjà des enfants, il y a un qui va devenir prêtre là bientôt, une religieuse, une avocate internationale elle est en Belgique, des médecins et des infirmiers aussi…

          Nous avons obtenu l’agrément du ministre après 10 ans de tentative. J’écrivais tout le temps, je remplissais les papiers la bureaucratie au Cameroun pendant que les enfants souffraient. J’écrivais, je remplissais les documents jusqu’au jour où on me dit que le ministre des affaires sociales madame MBARGA MBOCK Catherine voulait me rencontrer. Un jeudi à 9h dans son cabinet, alors je me suis battu pour arriver à Yaoundé. Elle m’a très bien accueilli elle m’a dit mon père nous sommes très content de ce que vous faites, nous avons tous les rapports sur vous et c’est pourquoi nous avons décidé de vous donner l’agrément. J’étais très content, j’ai fait des photos avec elle.


      Ensuite pour soutenir elle dit: mais sachez que nous n’avons rien à vous donner! Vous allez vous débrouiller comme vous le faites souvent. Nous n’avons rien à vous donner comme argent évidemment! Je suis donc rentré avec l’agrément et on a continué à nous battre comme d’habitude pour le bien-être des enfants. Après ça, il y a eu un deuxième événement qui a vraiment changé la vie de MANODACHA qui signifie maison d’accueil Notre-Dame de Charité. C’est nous-même qui avons trouvé ce nom parce que nous avons une dévotion à la Vierge Marie. C’est elle qui soutient cette maison.


      À Foumban une maman est venue me voir et elle m’a dit ceci: mon père je vois que vous vous occupez vraiment des enfants! Comment vous faites pour les nourrir? Je voudrais vous accompagner quelque part pour rencontrer le chef qui va vous donner le terrain pour nourrir ces enfants. J’ai d’abord voulu refuser parce que j’ai trouvé ça pénible. Elle a insisté et j’ai dit ok allons-y. Nous sommes donc allés à Bafoussam, elle m’a présenté au chef tout en lui expliquant ce que je faisais. Le chef était tellement touché qu’il m’a dit mon père je vais vous donner deux hectares de terrain pour les enfants et aussitôt dit aussitôt fait. Nous sommes montés et il m’a présenté la forêt ; j’étais tellement content j’ai tout de suite introduit les dossiers de bornage et on a titré ce terrain.


      Le jour qu’on titrait, il était là et il a dit que les deux hectares étaient petits et il a encore augmenté. Quand le titre foncier est arrivé, c’est sorti 5 à 6 hectares. Voilà dans quelles circonstances nous avons eu le terrain et directement, on y a lancé les travaux. Un an après, cette maman est décédée pendant qu’elle travaillait au champ un samedi soir. On m’appelle pour m’informer et je suis allé à Bafoussam porter sa dépouille dans ma voiture pour l’emmener à Foumban. De son vivant, elle m’avait déjà prévenu que son mari ne s’occupait pas des enfants. Après son enterrement, j’ai demandé l’accord de son mari pour récupérer tous les enfants et il a approuvé.


      Je les ai donc tous pris à MANODACHA et Dieu merci ils ont été bien encadrés et ils ont tous eu le baccalauréat. Une est religieuse, une autre est professeure de lycée techniques à Batouri, l’autre est à l’extérieur pour se débrouiller, il y a leur dernier qui est à l’université, il était à la maternelle quand ils sont arrivés à MANODACHA.
Nous avons également eu des gens qui nous apportent leur aide parce qu’ils voient tout ce que nous faisons. Ils en sont tellement touchés qu’ils me disent mon père comment vous faites? Nous sommes constitués en groupe, nous avons fait un GIC MANODACHA comme initiative commune, espérant bénéficier de l’aide de l’État et jusque-là rien.  


      Nous avons un bureau et une équipe constituée d’une directrice, une trésorière, une secrétaire, un chargé de l’orientation scolaire, une cuisinière, un conseiller juridique et un conseiller psychologique pour encadrer vraiment ces enfants. Nous avons également des âmes de bonne volonté qui passent et qui nous aident de temps à autre.
Notamment je n’oublierai pas MANODACHA Suisse, conduite au début par Helmut et après par Mama Anne qui sont d’un grand apport aussi pour les enfants. Mais les besoins sont toujours là, chacun apporte du sien et sans compter des confrères qui de temps en temps m’apportent la nourriture pour les faire vivre et puis mon Seigneur André WOUKING, cet évêque qui m’avait beaucoup encouragé dans ce que je faisais.
Voilà donc en gros qui nous sommes et l’histoire de MANODACHA.

manodacha

                           Bafoussam, Cameroun

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